Actualité 2014

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La Cour des comptes a rendu il y a deux jours un rapport relatif à la réussite des élèves dans l’Éducation nationale. En voici une synthèse.
Les objectifs de l’école
L’article L.111-1 du code de l’éducation fixe de nombreux objectifs sans hiérarchie particulière, affirmant cependant le statut de « première priorité nationale » pour l’éducation » :
- Elle contribue à l’égalité des chances
- Elle transmet des connaissances
- Elle fait partager aux élèves les valeurs de la République
- Elle garantit à tous les élèves l’apprentissage et la maîtrise de la langue française.
- Elle développe la personnalité de l’élève, élève son niveau de formation initiale et continue, lui permet de s’insérer dans la vie sociale et professionnelle, et d’exercer sa citoyenneté
La multiplicité des objectifs assignés à l’Éducation nationale souligne :
- L’importance accordée à l’école, dont on voit qu’elle n’est plus seulement un lieu de connaissances
- La difficulté d’évaluer ensuite les résultats
Les résultats de l’école
Les chiffres montrent une stagnation voire une régression par rapport à la décennie 1985-1995 appelée les « Dix Glorieuses » car le taux d’accès d’une génération au niveau du baccalauréat a doublé pendant cette période, en passant de 35 % à 71,2 %. Or aujourd’hui:
- 20 % des élèves qui ont été scolarisés ne maîtrisent pas les compétences de base en lecture au terme de la scolarité obligatoire.
- 21,7 % des élèves de 15 ans ont d’importantes difficultés de lecture, selon l’enquête internationale menée par l’OCDE en 2006
- 21,3 % des jeunes de 17 ans sont des « lecteurs médiocres » ou des lecteurs « à difficultés sévères », selon le test de 2007 de la journée d’appel de préparation à la défense (JAPD).
- en 2007, 18 % des jeunes âgés de 20 à 24 ans n’avaient ni baccalauréat, ni brevet d’études professionnelles, ni certificat d’aptitude professionnelle.
- 18 % des élèves issus d’un milieu social défavorisé obtiennent un baccalauréat général contre 78 % pour les élèves de familles favorisées.
- Alors qu’un objectif essentiel est de « conduire 50 % de l’ensemble d’une classe d’âge à un diplôme de l’enseignement supérieur », ce taux n’atteint, tout en intégrant les diplômes inférieurs à la licence, que 41 %.
Les défis de l’école
- L’école est inégalitaire
La France est, sur les 30 pays celui où l’écart de résultats entre les élèves de statuts favorisé et défavorisé est le plus important -de l’ordre du double de celui du Japon, du Canada, ou de la Finlande : la France se trouve dans la situation la plus défavorable de l’OCDE du point de vue de l’équité scolaire. 18 % des élèves issus d’un milieu social défavorisé obtiennent un baccalauréat général contre 78 % pour les élèves de familles favorisées.
- L’école coûte cher
En 2008, la France a affecté un peu moins de 130 milliards d’euros à son système éducatif soit 6,6 % du produit intérieur brut (PIB).
Les cycles scolaires
Le découpage du système scolaire, avec des césures marquées entre l’école primaire, le collège et le lycée, n’est plus « cohérent avec l’objectif de donner à tous les élèves parvenant au terme de la scolarité obligatoire un socle commun de connaissances et de compétences et de conduire 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat ». En effet, l’objectif du socle commun repose précisément sur l’idée d’atténuer le saut entre école primaire et collège. L’expérience a montré que le passage entraînait des difficultés pour les élèves les plus « fragiles » en raison surtout de méthodes d’enseignement différentes.
L’orientation
La procédure d’orientation est très mal maîtrisée en France.
- « L’orientation au collège et au lycée se fonde essentiellement sur les résultats scolaires obtenus par les élèves dans les savoirs abstraits. Dans un système scolaire très hiérarchisé où la voie générale est privilégiée, l’orientation tend à procéder par exclusions successives vers des voies ou des filières moins valorisées. En d’autres termes, l’orientation se fait par l’échec, et non en vue d’une réussite ».
- Une mauvaise orientation subie est difficile à rattraper
- L’école reste inégalitaire puisque l’origine sociale et les diplômes des parents déterminent en grande partie de l’orientation. Ainsi, les enfants d’ouvriers qualifiés ont sept fois plus de probabilités que les enfants de cadres supérieurs d’effectuer tout leur deuxième cycle dans l’enseignement professionnel. De même, alors que les enfants d’ouvriers se répartissent à peu près également entre les trois types de baccalauréat, les enfants de cadres et plus particulièrement ceux d’enseignants privilégient massivement la voie générale, la plus favorable à la poursuite d’études supérieures longues : en définitive, un enfant d’ouvrier non qualifié a cinq fois moins de probabilités d’obtenir un baccalauréat général qu’un enfant de cadre, mais en revanche trois fois plus d’obtenir un baccalauréat professionnel, six fois plus d’obtenir un CAP ou un BEP, et neuf fois plus de n’avoir aucun diplôme. La différenciation sociale se manifeste non seulement entre les principales filières, mais même entre les séries d’un même baccalauréat : si un bachelier général sur deux passe son baccalauréat dans la série S (scientifique), cette proportion est de 58 % pour les enfants de cadres supérieurs, mais de 35% seulement pour les enfants d’ouvriers non qualifiés.
Les dispositifs de soutien scolaire
Les dispositifs de soutien scolaire ont évolué vers uneprise en charge individualisée. En effet, « le mode d’enseignement traditionnel, dispensé de façon uniforme par un enseignant délivrant un cours devant un groupe considéré comme scolairement homogène, n’est pas adapté à un système qui fixe des objectifs de réussite pour tous les élèves, quelle que soit l’hétérogénéité de leurs profils individuels ».
Chronologiquement, l’individualisation de l’aide est restée sous une forme collective : l’administration a regroupé sous le terme de label de l’éducation prioritaire, des écoles et collèges regroupant une majorité d’élèves en difficulté, et leur a donné plus de moyens d’encadrement. Mais cette solution a buté sur deux obstacles : les élèves en difficulté ne sont pas tous concentrés dans ces établissements et les moyens supplémentaires octroyés ne garantissent pas nécessairement une personnalisation de la prise en charge de la difficulté scolaire.
Des programmes plus personnalisés sont alors apparus : itinéraires de découverte au collège, travaux personnels encadrés au lycée, programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE), accompagnement éducatif. Ces dispositifs obéissent aux recommandations du rapport de la commission préparatoire au débat national sur l’avenir de l’école de 2004.
Conclusion
Au final, la Cour des comptes relève une idée que l’on retrouve chez quelques rares auteurs critiques de l’Éducation nationale : « Dans son organisation actuelle, l’enseignement scolaire reste encore principalement fondé sur un modèle qui était adapté à une période où seule une minorité d’une classe d’âge (20 % en 1970) suivait tout le parcours de l’enseignement scolaire et obtenait le baccalauréat. Il tend, de ce fait, à privilégier les élèves sans difficultés particulières, c’est-à-dire ceux qui seront bacheliers à la sortie du système scolaire et poursuivront des études supérieures, soit seulement un peu plus de la moitié de chaque classe d’âge ».
Pour aller plus loin
Site du Ministère de l’Éducation nationale
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