Les annales du concours d’inspecteur des finances publiques (IFiP) 2016 comprennent une épreuve de langue (au choix: allemand, anglais, espagnol, italien). Elle consiste en une version (coefficient 1, durée 1 h 30).
Annales IFiP Anglais 2016, Texte source
Crime, terrorism and tax evasion: why banks are waging war on cash
The possibility of a cashless society has come at us with a rush: contactless payment is so new that the little ping the machine makes can still feel magical. But in some shops, especially those that cater for the young, a customer reaching for a banknote produces an automatic frown.
Among central bankers, that frown has become a scowl. There is a “war on cash” in the offing.
Consider the central banks’ anti-crisis measures so far. The first was to slash interest rates close to zero. Then, since you can’t slash them below zero, the banks turned to printing money to stimulate demand. But with global growth depressed, and a massive overhanging debt, quantitative easing (QE) is running out of steam.
Enter the era of negative interest rates: thanks to the effect of QE, tens of billions held in government bonds already yield interest rates that are effectively below zero. Now, central banks such as Japan and Sweden have begun to impose negative official interest rates.
The effect, for banks or long-term savers, is that by putting your money in a safe place – such as the central bank or a government bond – you automatically lose some of it.
Not surprisingly, these measures have led to the growing popularity of cash for people with any substantial savings. So the central banks face a further challenge: how to impose negative interest rates on cash itself.
Technologically, you can’t. If people hold their savings as physical currency, it keeps its value – and in a period of deflation the spending power of hoarded cash increases, even as share prices and the value of bank deposits fall. Cash, in a situation like this, is king.
But the banks are ahead of us. Last September, the Bank of England’s chief economist, Andy Haldane, openly pondered ways of imposing negative interest rates on cash – ie shrinking its value automatically.
More radical still would be to outlaw cash. Why would a central bank want to eliminate cash? For the same reason as you want to flatten interest rates to zero: to force people to spend or invest their money in the risky activities that revive growth, rather than hoarding it in the safest place.
Calls for the eradication of cash have been bolstered by evidence that high-value notes play a major role in crime, terrorism and tax evasion.
The Guardian, 15 February 2016
Annales IFiP Anglais 2016, Proposition de traduction
Crime, terrorisme et évasion fiscale : Pourquoi les banques font la guerre à l’argent liquide
La possibilité d’une société sans argent liquide s’est brutalement imposée à nous. Le paiement sans contact est tellement récent que le petit « ping » sonore émis par la machine peut encore sembler magique. Mais dans certains magasins, en particulier ceux dont la clientèle est jeune, proposer un billet de banque en guise de règlement produit plutôt un froncement de sourcils automatique qu’un « ping » magique.
Et chez les banquiers centraux, ce froncement de sourcils a tendance à se transformer en un air renfrogné. À les regarder, une « guerre contre le liquide » est sur le point d’éclater.
Pour le comprendre, il faut revenir sur les mesures anti-crise prises par les banques centrales jusqu’à présent. La première mesure a consisté à réduire les taux d’intérêt à un niveau proche de zéro. Puis, comme il n’est pas envisageable de pratiquer des intérêts négatifs, les banques se sont alors tournées vers la solution de la planche à billets afin de stimuler la demande. Le problème est que ce dernier expédient arrive au moment où la croissance mondiale est déprimée et où le surendettement est massif. Conséquence : l’assouplissement quantitatif (QE) s’essouffle.
Nous sommes alors entrés dans l’ère des taux d’intérêt négatifs. En effet, le QE a pour effet d’aboutir en réalité à des taux d’intérêt négatifs qui s’appliquent maintenant aux dizaines de milliards détenus en obligations d’État. Aujourd’hui, des banques centrales telles que le Japon et la Suède ont déjà officiellement commencé à imposer des taux d’intérêt négatifs.
Placer son épargne auprès de la Banque centrale ou dans une obligation d’État aboutit alors à une perte automatique pour les banques ou pour les épargnants à long terme.
Sans surprise, le résultat est donc un plébiscite en faveur de l’argent liquide, du moins pour les personnes disposant d’économies substantielles. Les banques centrales sont donc confrontées à un problème : comment imposer des taux d’intérêt négatifs sur les liquidités elles-mêmes ?
D’un point de vue technique, ce n’est pas possible. Quand les gens détiennent leur épargne sous forme de monnaie physique, celle-ci conserve sa valeur, voire en période de déflation, augmente le pouvoir d’achat de son détenteur alors même que le cours des actions et la valeur des dépôts bancaires chutent. Dans un tel cas de figure, l’argent liquide est roi.
Mais les banques n’ont pas dit leur dernier mot. En septembre dernier, les réflexions de l’économiste en chef de la Banque d’Angleterre, Andy Haldane, l’ont explicitement conduit à la solution d’imposer des taux d’intérêt négatifs sur les espèces, c’est-à-dire de réduire automatiquement leur valeur.
Mais il existe une issue encore plus radicale : ce serait l’interdiction de l’argent liquide. Pourquoi une banque centrale voudrait-elle éliminer les espèces ? Pour la même raison qu’elle a aplati les taux d’intérêt à zéro. À savoir, que la Banque centrale cherche à dissuader les épargnants de thésauriser leur argent à l’endroit le plus sûr. Au contraire, elle veut forcer les gens à dépenser ou à investir leur argent dans des activités risquées afin de relancer la croissance.
Et comme par hasard, au moment où se multiplient ces appels à l’éradication de l’argent liquide, une rumeur s’amplifie et prétend que les billets de grande valeur jouent un rôle majeur dans la criminalité, le terrorisme et l’évasion fiscale.
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